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DU POINT DE VUE DES POLICIERS

Pour donner matière à ce chapitre, nous avons questionné deux policiers travaillant en Ile-de-France afin de connaître leur point de vue sur les bavures policières. 

Alexandre Battaglia, Chef-Brigadier

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Alexandre Battaglia, j’ai 42 ans. Je suis Brigadier-Chef Principal et adjoint au responsable d’un poste de Police Municipale sur la région de Seine et Marne.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir policier ? Quelles ont été vos motivations ?

Je suis policier depuis maintenant 23 ans. Ce choix s’est fait assez naturellement, je suis de nature à aider les autres et à respecter les lois, j’ai donc rapidement trouvé ma place dans cette profession. Ma principale motivation a été de vouloir faire évoluer les choses quant à la proximité et les rapports entre les policiers et les citoyens qui sont dans de nombreux cas compliqués, notamment dans les quartiers difficiles où j’ai eu l’occasion de travailler et d’être confronté aux difficultés qui s’y trouvent de multiples fois. Après quatre années passées en commissariat, j’ai pu avoir un aperçu de toutes les missions quotidiennes d’un policier. Mais rapidement, une chose essentielle me manquait, la proximité avec la population. Il faut savoir que la population qui nous entoure est la plus grande source d’information. Ils sont nos yeux au quotidien et c’est grâce en partie à eux que nous pouvons avancer sur bien des sujets. C’est pourquoi au bout de quelques années de terrain, je me suis orienté vers le concours de Policier Municipal. Ses missions quotidiennes restent principalement les mêmes mais elles se cantonnent sur une seule commune. De ce fait, nous créons une proximité différente avec les habitants, une connaissance accrue du terrain et des problématiques rencontrées. Après avoir été affecté sur mon premier poste, j’ai effectivement compris que je ne m’étais pas trompé.

Que pensez-vous du phénomène global des bavures policières ?

J’ai parfois honte d’entendre certains faits car moi-même, je m’efforce chaque jour de donner l’image la plus positive de la police au sens large. Bien évidemment, je ne cautionne pas ces comportements qui salissent un métier difficile et que de nombreuses personnes ne seraient pas dans la capacité d'honorer. 

Pensez-vous qu’elles résultent en réalité d’un “craquage” du fait de cette haine qu’il existe envers les autorités ? 

Après plusieurs années en ayant pratiqué cette profession, je constate avec regret que les choses n’évoluent pas toujours dans le bon sens. Les problèmes d’effectifs, de locaux, de matériel et le non-respect de l’uniforme font que le métier de Policier devient pesant. De plus, l’augmentation de la délinquance et la montée en puissance de la violence rendent la fonction de plus en plus difficile. Même un simple contrôle routier devient parfois compliqué. L’agressivité verbale et gratuite de la population, jeune comme âgée devient un poids. L’indiscipline est devenue une chose banale. Les contrevenants n’ont plus la notion du danger et accepte de moins en moins d’être sanctionné alors que dans 95 % des cas cela est justifié. Malheureusement, c’est à travers ces comportements que les policiers deviennent excédés et commettent des actes excessifs. 

Contrairement à ce que nous pouvons entendre, les policiers ne sont-ils pas aussi des victimes ?

Oui, pour moi, dans certains cas, je considère que les policiers sont des victimes. Même si un policier se doit avant tout d’être intègre et impartiale, il est comme tout à chacun un homme et pour souvent un père de famille. Avec ses hauts et ses bas, il doit chaque jour garder son sang-froid dans toutes les situations malgré le comportement inapproprié parfois de certains individus. Mais des fois arrive une certaine lassitude, un dégoût, qui par faiblesse fait perdre ses moyens. Fort heureusement, il s’agit d’une minorité mais lorsque la faute arrive, les conséquences sont irrémédiables pour un agent assermenté qui pourtant a bien des circonstances atténuantes. Nous traversons tous une période difficile, et les policiers prennent de plein fouet le mal-être de la société. Les « gilets jaunes » par exemple qui sont apparus en 2018, montre l’état d’esprit dans lequel est notre beau pays. La violence que l’on a pu voir n’est pas tolérable. Comment rétablir l’ordre sans violences alors que certains sont venus uniquement pour en découdre avec les forces de police. Comme ils disent dans leur jargon : “Casser du FLICS”. Quel autre moyen d’utiliser la force dans le cas présent face à des manifestants dont la violence est de plus en plus grande. Le résultat est qu’on a même voulu retirer certaines armes pour ne pas blesser les manifestants alors que des policiers se sont fait lyncher sur le sol.

Pensez-vous que les médias participent à la dégradation de l’image des forces de l’ordre ?

Bien évidemment. Par-dessus toutes ces difficultés, les médias viennent souvent s’en mêler alors que les sanctions devraient être internes comme dans toute profession. Mais parfois, on se demande de quel côté se trouve la justice ! Le résultat est que nous rentrons dans une désinformation qui vient faire perdre inutilement toute la crédibilité d’une profession qui représente notre pays et l’autorité pour maintenir le bon ordre. 

Pour finir, quelles mesures proposez-vous pour limiter les violences policières ?

Afin qu’il y ait moins de violences policières, il faudrait que la justice soit intraitable face à la délinquance de certaines personnes. Sur le long terme, la crainte d’être sanctionné pourrait certainement éviter aux Policiers d’utiliser la force face aux événements. Je pense qu’il est temps de redonner un équilibre général à la France pour qu’enfin nous puissions retrouver un sentiment de sécurité où que l’on que se trouve.

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Raphael Barbour, Agent de police nationale

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